Plus grand-chose ne semble déjà pouvoir arrêter Paul Seixas. Après une première saison pro déjà totalement réussie, le Français est allé chercher, ce dimanche, une médaille de bronze lors du Championnat d’Europe Élites. Il aura réussi un temps à être le seul à accompagner Tadej Pogacar et Remco Evenepoel, au sommet du Val d’Enfer, à 92 kilomètres de l’arrivée. S’il n’a pu suivre l’attaque décisive du Champion du Monde 16 bornes plus loin, il n’a ensuite cessé d’impressionner, allant jusqu’à agacer Remco Evenepoel quand Thomas Voeckler lui a demandé d’arrêter de collaborer. Dans la dernière ascension du Val d’Enfer, alors que le Belge avait pris le large pour la médaille d’argent, il a gagné son duel face à l’Italien Christian Scaroni. Pour le plus grand plaisir des spectateurs présents à Guilherand-Granges (Ardèche). En conférence de presse, plus d’une heure après l’arrivée, le coureur de Decathlon AG2R La Mondiale avait bien du mal à réaliser ce qu’il venait de faire.
krav.paris: Tu es médaillé de bronze de ce Championnat d’Europe !
Paul Seixas : C’est fou. Je ne réalise pas. C’est le plus beau jour de ma vie. C’est incroyable, c’est même indescriptible ! C’est la première fois que je ressens ça. Avec tout le public, ma famille et ma copine au bord de la route qui m’ont encouragé et soutenu, c’est vraiment incroyable. C’est encore dur de trouver les mots pour vous expliquer ce que je ressens. Je ne sentais pas les pédales aujourd’hui. Je me suis arraché dans la dernière montée du Val d’Enfer pour aller chercher ce podium…
« PEUR DE ME FAIRE ATTAQUER »
Il y a eu un gros duel avec Christian Scaroni… Où as-tu trouvé les forces nécessaires pour le distancer ?
Avec tout le public qui m’a soutenu, j’ai l’impression comme je le disais de ne pas sentir mes jambes. J’y suis allé à full gaz pour le distancer. Je me suis retourné et j’ai vu qu’il était à environ 20 mètres de moi sur le sommet. Je ne pouvais pas le laisser revenir alors encore une fois, je me suis dit que j’allais tout donner. Je n’étais pas certain de le battre au sprint, alors j’ai appuyé aussi fort que j’ai pu sur les pédales jusqu’à l’arrivée. Et ça a marché.
Avant cela, à 46 kilomètres de l’arrivée, Thomas Voeckler t’a demandé de ne pas rouler avec Remco Evenepoel, Juan Ayuso et Christian Scaroni. Comment l’as-tu vécu ?
Honnêtement, j’ai fait entièrement confiance à Thomas. Il sait exactement ce qu’il fait, il a beaucoup d’expérience et il est très intelligent dans ses tactiques de course. Mais bien sûr, ça m’a un peu posé problème au départ parce que je me faisais un peu chahuter par les autres coureurs. Comme je ne passais plus, j’avais peur de me faire attaquer de toutes parts et qu’ils voulaient vraiment se débarrasser de moi. Franchement, j’aurais préféré passer un peu et ralentir le groupe car là, les autres coureurs commençaient vraiment à s’énerver. Mais Remco était très très fort. Donc au final, on a pris du temps sur le groupe derrière et on s’est rendu compte que ça n’allait pas revenir. À ce moment-là, j’ai pu à nouveau passer des relais.
« JE VAIS METTRE LONGTEMPS À RÉALISER »
Il était impossible d’accompagner Remco Evenepoel pour la médaille d’argent ?
Il est parti à la pédale. On jouait la troisième place avec Juan Ayuso et Christian Scaroni. Quand Remco est parti, j’ai su qu’il fallait que je me donne à 100% pour l’équipe et que s’il me faisait confiance devant, il fallait vraiment que j’aille chercher la médaille. Être avec eux sur le podium, c’est un rêve de gosse.
Aurais-tu imaginé cela en tout début de saison ?
Non, honnêtement, je n’imaginais pas ma première saison de pro ainsi. Je pensais plus que j’allais prendre de l’expérience et que j’allais prendre quelques coups durs. Déjà, je suis arrivé très fort dans la saison et j’ai progressé tout au long. Franchement, c’est au-delà de tous mes espoirs. Pouvoir encore progresser jusqu’à la fin de saison, c’est vraiment incroyable. Ce que je ressens, encore une fois, est indescriptible. Je vais mettre longtemps à réaliser.











