Pétrole : l’Opep+ sème le doute sur sa production future

Par AFP Par Pol-Malo LE BRIS © 2025 AFP

Une augmentation attendue mais un volume indéterminé : alors qu’ils cherchent à regagner des parts de marché, Ryad, Moscou et six autres pays de l’Opep+ doivent décider de leur production pour novembre lors d’une réunion virtuelle ce dimanche.

Le marché anticipait au départ une augmentation des quotas de 137.000 barils par jour, comparable à celle adoptée pour le mois d’octobre, mais des informations relayées par les médias ont suggéré qu’une hausse beaucoup plus significative pourrait être envisagée.

“Le Secrétariat de l’Opep a catégoriquement démenti les récentes informations médiatiques affirmant que les nations du Groupe des Huit (G8) envisagent d’accroître la production de 500.000 barils par jour. Ces déclarations sont complètement erronées et mensongères”, a déclaré l’Opep mardi sur son compte X.

Cependant, les opérateurs restent attentifs car l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses partenaires (Opep+) “a fréquemment étonné les marchés avec des augmentations rapides de production récemment”, affirme Barbara Lambrecht, analyste chez Commerzbank.

Depuis avril, l’Arabie saoudite, la Russie, l’Irak, les Émirats arabes unis, le Koweït, le Kazakhstan, Oman et l’Algérie ont augmenté leurs quotas de plus de 2,5 millions de barils par jour (mb/j).

Un tempo que personne n’avait prévu en début d’année de la part du cartel, qui avait longtemps combattu la baisse des prix en mettant en place une réduction de l’offre à travers diverses diminutions de production.

Des cours en berne

L’Opep+ a modifié sa stratégie de manière définitive en mettant l’accent sur la conquête de parts de marché face à la concurrence d’autres nations. Selon le dernier rapport mensuel de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), “la production des États-Unis, du Brésil, du Canada, de la Guyane et de l’Argentine atteint ou s’approche de ses niveaux les plus élevés jamais enregistrés”.

Cette situation se distingue donc nettement d’une demande de pétrole “principalement stable”, d’après l’AIE, qui prévoit une augmentation d’environ 700.000 barils par jour pour 2025 et 2026.

L’Opep, qui est habituellement plus positive dans ses analyses, prévoit une hausse de la demande mondiale en pétrole de 1,3 mb/j d’ici 2025 et de 1,4 mb/j pour 2026.

Les indicateurs d’une surabondance de l’offre, signalée depuis plusieurs mois par les experts, “se manifestent enfin sur notre marché”, déclare Tamas Varga, analyste chez PVM.

Dans ce cadre, la perspective d’une augmentation significative des quotas du cartel a entraîné une chute du prix du baril de Brent, référence internationale du pétrole, en dessous de 65 dollars, ce qui représente une baisse d’environ 8% en une semaine.

Situation délicate pour la Russie.

La Russie, qui se classe comme le deuxième plus grand producteur de l’Opep+ après l’Arabie saoudite, pourrait s’opposer à une augmentation des quotas trop significative, craignant que cela ne fasse encore chuter les prix du pétrole.

Suite à la décision prise le mois dernier, Jorge Leon, analyste chez Rystad Energy, soulignait déjà que “la Russie a besoin de prix élevés pour soutenir sa machine de guerre”. Contrairement à Ryad, le Kremlin a un potentiel restreint pour augmenter sa production en raison des pressions exercées par les États-Unis et l’Europe sur son industrie pétrolière.

Selon Homayoun Falakshahi, analyste chez Kpler, la Russie, qui génère actuellement “environ 9,25 millions de barils par jour”, aurait une “capacité de production maximale de 9,45 mb/j”, alors qu’elle était d’environ 10 mb/j avant le conflit, d’après l’AFP.

Depuis août, les frappes ukrainiennes sur les raffineries russes se sont accrues, entraînant également “une hausse des exportations de pétrole brut russe, car celui-ci ne peut pas être utilisé sur le territoire”, déclare Arne Lohmann Rasmussen, analyste chez Global Risk Management, ce qui rend la Russie encore plus dépendante de la vente de son or noir à l’international.