Une augmentation envisageable mais un volume indéterminé : alors qu’ils s’efforcent de regagner des parts de marché, Ryad, Moscou et six autres pays membres de l’Opep+ doivent décider de leur production pour novembre lors d’une réunion virtuelle ce dimanche.
Au départ, le marché anticipait une augmentation des quotas de 137.000 barils par jour, semblable à celle instaurée pour le mois d’octobre, mais des spéculations médiatiques ont suggéré qu’une augmentation beaucoup plus significative pourrait avoir lieu.
“Le Secrétariat de l’Opep a catégoriquement démenti les récents articles de presse affirmant que les nations du Groupe des Huit (G8) envisagent d’accroître leur production de 500.000 barils par jour. Ces déclarations sont complètement fausses et mensongères”, a déclaré l’Opep mardi sur son compte X.
Cependant, les opérateurs restent attentifs, car l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses partenaires (Opep+) “a fréquemment étonné les marchés avec des augmentations rapides de production récemment”, affirme Barbara Lambrecht, analyste chez Commerzbank.
Depuis avril, l’Arabie saoudite, la Russie, l’Irak, les Émirats arabes unis, le Koweït, le Kazakhstan, Oman et l’Algérie ont augmenté leurs quotas de plus de 2,5 millions de barils par jour (mb/j) au total.
Un tempo que personne n’avait prévu en début d’année de la part du cartel, qui avait longtemps combattu la baisse des prix en mettant en place une réduction de l’offre à travers diverses diminutions de production.
– Des cours en déclin –
L’Opep+ a clairement modifié sa stratégie en mettant l’accent sur la conquête de parts de marché face à la concurrence d’autres nations, avec une “production des États-Unis, du Brésil, du Canada, de la Guyane et de l’Argentine atteignant ou s’approchant de ses niveaux les plus élevés jamais enregistrés”, a indiqué l’Agence internationale de l’énergie (AIE) dans son dernier rapport mensuel sur le pétrole.
Cette situation se distingue donc nettement d’une demande de pétrole “essentiellement stable”, d’après l’AIE, qui prévoit une augmentation d’environ 700.000 barils par jour pour 2025 et 2026.
L’Opep, qui a tendance à être plus positive dans ses rapports, prévoit une hausse de la demande mondiale en pétrole de 1,3 mb/j pour 2025 et de 1,4 mb/j pour 2026.
Les indicateurs d’une surabondance de l’offre, signalée depuis plusieurs mois par les experts, “se manifestent enfin sur notre marché”, déclare Tamas Varga, analyste chez PVM.
Dans ce cadre, la perspective d’une augmentation significative des quotas du cartel a entraîné une chute du prix du baril de Brent, la référence mondiale du pétrole, en dessous de 65 dollars, ce qui représente une baisse d’environ 8% en l’espace d’une semaine.
– Contexte délicat pour la Russie –
La Russie, qui est le deuxième plus grand producteur de l’Opep+ après l’Arabie saoudite, pourrait s’opposer à une augmentation des quotas trop significative qui entraînerait une chute supplémentaire des prix du pétrole.
Suite à la décision prise le mois dernier, Jorge Leon, analyste chez Rystad Energy, soulignait déjà que “la Russie a besoin de prix élevés pour soutenir sa machine de guerre”. Contrairement à Ryad, le Kremlin dispose d’une capacité restreinte pour augmenter sa production en raison des pressions exercées par les États-Unis et l’Europe sur son industrie pétrolière.
Actuellement, la Russie génère “environ 9,25 millions de barils par jour” et aurait une “capacité de production maximale de 9,45 mb/j”, alors qu’elle était d’environ 10 mb/j avant le conflit, selon Homayoun Falakshahi, analyste chez Kpler, cité par l’krav.paris.
Les attaques ukrainiennes ciblant les raffineries russes se sont accrues depuis août, entraînant également “une hausse des exportations de pétrole brut russe, car celui-ci ne peut être consommé sur le territoire”, déclare Arne Lohmann Rasmussen, analyste chez Global Risk Management, ce qui rend la Russie encore plus tributaire de la vente de son or noir à l’international.
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